Akany Avoko: histoire, évolution et objectifs
Mme Lalasoa ( Nina) , directrice d’Akany Avoko Ambohidratrimo, vient de nous faire parvenir un rapport 2017.
Celui ci retrace l’histoire du centre, son évolution récente ( transformation du centre de rééducation en alternative à la prison en un centre pour enfants en danger), ses objectifs ( l’autonomie des jeunes et leur protection) et ses réalisations concrètes. Vous serez étonnés de leur créativité et de leur niveau de respect des personnes et de l’environnement !
Rapport intégral:
En 1959, Antananarivo connut de sévères inondations et la communauté dut faire face à de graves problèmes sociaux. De nombreux délits tels que des vols furent commis. Les prisons étaient bondées. On y trouvait même des enfants mineurs.
Une aide internationale fut mise en place pour faire face aux inondations avec pour responsables Sophie Van Welley des Pays-Bas et Elisabeth Dolder de la Suisse. Elles visitèrent certaines prisons et y découvrirent des mineurs emprisonnés. Elles souhaitèrent trouver une solution pour assurer à ces enfants une nouvelle vie. Elles eurent une idée qu’elles allèrent partager avec le service caritatif de la FFPM qui s’appelait alors « FAFFIP » (La Fédération des Eglises Protestante à Madagascar, l’union de l’Eglise FLM et la FJKM).
Le FAFFIP reçut positivement leur idée et mit à leur disposition la station de missionnaire a Ambohidratrimo afin d’y recevoir les enfants.
Le centre AAAtrimo était un don de la LMS, la « London Mission Society ». Van Welley et Dolder s’adressèrent au Ministère de la Justice qui leur donna aussitôt son accord. Elles contactèrent aussi le Ministère de la Population pour demander l’autorisation de créer un centre institutionnel. Le 1er Mars 1964, le centre AAAtrimo était officiellement ouvert. AAAtrimo s’appelait à sa création « Centre de Rééducation de Jeunes Filles Mineures Délinquantes ».
Tout au long des premières années, le management dynamique et innovant de Mme Hardy et de son mari Steve Wilkinson a eu une influence majeure.
Mme Hardy a posé les bases du succès et le développement d’Akany Avoko s’est mis en marche avec une priorité sur l’éducation, l’humanité et l’auto-suffisance.
Steve a introduit beaucoup d’améliorations écologiques. Ces avancements ont été étendus plus tard par Irenee Rajaona-Horne, qui fut la pionnière du programme de parrainage international et développa le concept d’auto-suffisance pour les filles les plus âgées. Cette philosophie a été reprise par Simon Kirby.
Quelle sorte d’enfants le centre d’AAAtrimo accueillait-il alors ? Au début, le centre AAAtrimo était désigné comme un centre de rééducation pour jeunes filles mineures.
Voici quelques exemples de scénarios pour illustration :
L’histoire se passe souvent dans la région du Sud central ; les parents envoient leur(s) fille(s) travailler comme bonne(s) en ville dès l’âge de douze ans. Ce sont les filles qui se réveillent les premières, et elles aussi qui se couchent le plus tard. Souvent, elles n’ont à manger que les restes des repas de leur employeur. Pour dormir, elles disposent un tapis ou un petit matelas sur le sol de la cuisine ou sous un escalier, puis le rangent au réveil. A la fin du mois, leur salaire est récupéré par leur père qui en a besoin pour nourrir les petits à la maison. Elles ne touchent qu’un salaire de trente milles Ariary par mois et se retrouvent donc sans rien à la fin du mois.
Parfois, les bonnes emmènent les enfants de leur patron à l’école ou sortent les ordures. Ce sont des adolescentes, bien-sûr, qui, pour sortir, veulent se faire coquettes, s’acheter des chaussures et des bijoux. Pour cela, elles peuvent être tentées de voler sur leur lieu de travail. Parfois, quand leurs employeurs sont sortis et qu’elles gardent la maison, la maison est cambriolée. Elles se retrouvent les victimes présumées compromises avec les cambrioleurs. Autre cas de figure : Leur salaire n’est pas payé à temps. Le montant dû augmente et l’employeur ne peut plus payer. Il accuse alors, à tort, ses servantes de vol dans le but de pouvoir se débarrasser d’elles sans avoir à régler leur salaire. Les enfants sont alors emmenés à la police et présentés au juge qui va les placer au centre. Le centre va aider à les sauver et à les réhabiliter.
Les enfants attendent leur jugement au centre. On les appelle les « cas pénaux ». Six mois est le temps minimal qu’il faudra compter pour qu’elles soient rendues à leur famille, le maximum étant de trois ans. Elles passent devant le juge tous les vendredis et toute seules car seules les personnes impliquées dans le cas peuvent être présentes.
Chaque fois qu’une enfant est jugée, la Directrice remet au juge un rapport détaillant les progrès et les efforts réalisés par l’enfant. Elle conseille si l’enfant peut rejoindre sa famille ou si l’enfant a besoin de plus de temps de traitement au centre. C’est merveilleux que le juge respecte le rapport de la Directrice mais la décision finale et les jugements sont bien-sûr du ressort des juges.
L’auteur, ANDRIANDANJA Lalasoa Maminirina, a commencé à travailler à AAAtrimo le 14 Octobre 1994. Il y avait alors au centre 45 enfants dont seuls cinq cas sociaux, le reste étant des cas pénaux en attente de jugement.
Le centre n’était alors pas pourvu de clôture, ce de façon délibérée, pour que les enfants ne se sentent pas comme dans un centre pénitentiaire. Rester à l’écoute, essayer de comprendre les problèmes, faire preuve d’amour et accepter étaient alors les méthodes les plus efficaces avec les enfants. Bien sûr, les filles ne disposaient pas de temps libre mais étaient toujours occupées et engagées dans des activités stimulantes pour éviter qu’elles n’essaient de partir. Nous essayions, cependant, toujours de surveiller les portes car certaines filles ne voulaient pas rester au centre. Beaucoup d’entre elles
n’aimaient pas la discipline et les règlements. Elles avaient l’habitude de vivre sans règles dans la rue. C’est pour cela que, souvent, elles tentaient de s’enfuir la nuit ; elles attachaient leurs draps aux barres métalliques des fenêtres, se faufilaient entre les barres et s’aidaient des draps pour descendre. Le matin, les éducateurs ne pouvaient croire le nombre de draps volant dans le vent. Les filles les plus audacieuses n’attendaient pas la nuit ; elles s’enfuyaient en plein jour. Les travailleurs sociaux passaient alors beaucoup de leur temps à rechercher ces fugitives dans le village d’Ambohidratrimo. Les habitants s’exclamaient : « Voilà encore les éducateurs qui courent les rues à essayer d’attraper une enfant obstinée ».
Vingt-trois ans plus tard: le centre AAAtrimo accueille maintenant cent cinquante enfants. Parmi eux, deux attendent leur jugement. Les autres ont tous été victimes de violences. Le nom du centre a complètement changé ; désormais, il s’agit du « Centre d’accueil des enfants en danger ». La majorité des enfants hébergés sont des « cas sociaux ».
Les acteurs sociaux de toute notre île s’accordent pour dire que les « cas pénaux » (les enfants ayant commis un acte de violence) et les « cas sociaux » (les enfants ayant été victimes de violences) ne doivent pas être hébergés au sein d’un même centre.
Ci-dessous la liste de cas des enfants placés au centre AAAtrimo
Des bébés, garçons et filles abandonnés par leurs parents. Le juge essaie de ne pas séparer les frères et soeurs pour leur éviter toute peine supplémentaire, ceux-ci ayant déjà suffisamment souffert.
Des filles victimes d’agressions sexuelles (souvent par leur beau-père ou employeurs ou autres personnes de mauvaise réputation au sein de la communauté).
Des enfants maltraités physiquement, moralement ou mentalement.
Des enfants mineurs dont les parents souffrent de maladies mentales sévères ou dont les parents sont en prison.
Des enfants qui avaient été maltraités par leurs employeurs pendant leur travail (bonnes, par exemple).
De nos jours, les parents ont du mal à maintenir le rythme de la vie quotidienne. Quand le papa et la maman rentrent à la maison, ils n’ont pas de temps à consacrer aux discussions familiales. Ce sont les amis d’école, les réseaux sociaux et la communauté qui éduquent les enfants et souvent les parents découvrent, trop tard, que les enfants ne vont plus en classe. Les sommes destinées aux frais scolaires ont été dépensées dans d’autres buts. Les parents demandent alors l’aide du centre. Ils passent devant les assistantes sociales au tribunal. Les enfants sont alors placés au centre par le juge des enfants.
Des garçons qui sont arrivés ici avec leurs petites soeurs. Certains ont maintenant déjà dix-huit ans. Puisque l’objectif du centre est l’éducation des filles, il ne nous est, cependant, plus possible de garder au centre les garçons de plus de quatorze ans.
Comment pouvons-nous les envoyer dans des centres qui ne leur permettront pas de continuer leurs études?
Il y a peu de temps le centre a eu une idée qui, depuis, a été approuvée par le juge pour enfants mineurs. Nous avons pensé que, dès l’âge de quatorze ans, les garçons devraient être transférés dans le pensionnat à Ambatomanga. Ils ne resteraient alors au centre que pour une courte période, pendant les vacances. Nous hébergeons actuellement sept de ces garçons.
L’éducation spirituelle
AAAtrimo respecte surtout les droits des enfants. Le centre laisse les enfants libres de leurs choix.
En 2016, dix enfants préparaient leur catéchumène à Ambohidratrimo et quatre garçons à Ambatomanga. Cette année, en 2017, les enfants désirant être baptisés ont vu leur souhait se réaliser grâce à l’Eglise FLM Ambatovinaky. Les chorales d’Ambatovinaky et du centre coopèrent depuis une trentaine d’années.
L’éducation
Les enfants dérapent souvent à cause des parents ou de la société. Nous demandons donc à ce que tous les parents des enfants participent à l’école des parents. Cette école est très importante car si les enfants doivent retourner dans leur famille, celle-ci doit avoir été formée à les recevoir à nouveau. Sans l’école des parents, les efforts du centre seraient vains. L’une des tâches les plus difficiles du centre est d’éduquer les parents.
Environ dix filles n’ont aucune famille. Elles rêvent d’en avoir, de pouvoir leur rendre visite et de passer leurs vacances ensemble. Elles ne connaissent que la vie au centre car elles ne sortent que lorsque des gens bienfaisants se proposent de les emmener se promener.
Une nouvelle O.N.G. appelée « FAMadagascar » (Famille d’Accueil de Madagascar) est en train de se mettre en place. Une fois le projet lancé, le centre fera appel à ses services pour trouver des familles pour ces orphelines.
Sur le plan éducatif: tous les enfants de plus de trois ans vont à l’école. Nous avons une école maternelle et une école primaire qui suivent le cursus de l’état. Les enfants passent le CEPE puis vont au CEG et au lycée. Sept de nos enfants sont maintenant à l’université. Plus d’une quinzaine ont fini leurs études universitaires et sont devenus : infirmières, maîtresses d’écoles, éducatrices, travailleurs sociaux, psychologues, journalistes, guides de tourisme ou encore travaillent pour des entreprises réputées en ville. Certains se souviennent toujours du centre et viennent y consacrer leur temps en retour, ou font des dons, ce qui nous touche beaucoup.
Nombreux sont ceux qui ne peuvent plus aller à l’école. Ils sont alors formés aux professions suivantes : coiffure, pâtisserie, informatique, élevage d’animaux, garde d’enfants, etc. Même les enfants qui n’ont pu être formés ont plus de chance de réussir dans la vie s’ils savent comment survivre. Nous assistons les enfants en fonction de leurs connaissances, de leurs aptitudes à l’apprentissage et les préparons à la société qu’ils vont réintégrer.
Ceux qui ont déjà passé leur baccalauréat et sont à l’université sont toujours soutenus par le centre. Même s’ils ne peuvent plus être hébergés par le centre car ils ont plus de dix-huit ans, nous ne pouvons pas les abandonner à cet âge vulnérable ; ils ont besoin de l’aide du centre pour terminer leurs études. Le centre soutient les étudiants, en payant leur location, leur nourriture, leurs frais de scolarité – s’il s’agit d’une université privée, leurs frais de transport, leurs recherches, leurs voyages d’études, leurs livres et même leurs clés USB pour sauvegarder leurs données.
Certains des enfants – ils sont au nombre de six aujourd’hui – sont vraiment intelligents mais n’ont pas de famille de qui dépendre. Ils sont sages, studieux, etc… Ils bénéficient d’une aide spéciale et d’une éducation dispensée par une école francophone (Expression Française) dans le but de leur apporter un meilleur futur.
Sur le plan physique: les enfants du centre AAAtrimo continuent de jouer au basket-ball grâce à une association Espagnole et ils participent à la compétition inter-centres. L’Ambassade de Suisse veut enseigner la boxe française aux petits mais le cours n’a pas encore démarré. Les enfants continuent d’apprendre la danse, ce qui contribue à l’éducation des filles.
Sur le plan financier: selon la loi, chaque enfant devrait recevoir 1 000 Ariary par jour du gouvernement mais cette aide financière a pris fin en 2001.
Heureusement, le centre a trouvé un système de parrainage qui lui permet d’assurer une éducation aux enfants. C’est le parrain local ou étranger qui subvient aux besoins des enfants, par ex. une famille soutient un enfant ; en fonction du niveau d’études, 30 – 70 Euros suffisent pour un mois pour un enfant.
Nous sommes en relation avec deux associations étrangères qui organisent ce type de participation et les envoient au centre dans les temps.
L’une, « Money for Madagascar », est basée en Angleterre et envoie ses dons tous les trimestres. Nous travaillons avec eux depuis presque vingt-huit ans.
L’autre, Akany Avoko France, avec laquelle nous travaillons depuis deux ans et avec laquelle nous avons un accord de transparence.
L’Association Bambinoa en France gère aussi un programme de parrainage. Ils ont une relation spéciale avec les bienfaiteurs des enfants. Tous les trois mois, ils envoient leur participation au centre pour aider à son bon fonctionnement.
50% des besoins du centre sont couverts par le programme de parrainage. Les dons contribuent à la bonne santé des enfants, et sont utilisés pour payer les médicaments, les lunettes, le dentiste, les frais scolaires, la nourriture et l’hygiène des enfants.
20% des fonds proviennent d’un revenu durable auto-financement, avec difficulté soit, mais tout de même réalisé.
Notre objectif à long terme (dans 10 ans) c’est d’être indépendants à 100% mais le centre est conscient que le chemin est encore loin.
Ci-dessous la liste des projets que nous avons déjà réalisés :
Projet de culture maraîchère (fruits et légumes)
Nous avons commencé à cultiver nos propres fruits et légumes en 2015. Fin 2016, nous n’avions plus besoin d’acheter des légumes.
Le centre a réussi à faire pousser 180 arbres mais il y a quelques soucis à gérer, le centre accueille quelques enfants des rues, ils adorent chaparder les fruits. Les éduquer reste notre but à long terme et nous ne nous décourageons pas.
Le centre lave les habits des enfants tous les jours. Il existe une zone spéciale de séchage pourvue d’un toit. Même quand il pleut, le linge lavé sèche facilement. Des légumes sont aussi cultivés sous ce toit et profitent de l’eau qui tombe du linge qui sèche. Il suffit de faire attention de bien rincer le linge pour éviter que de l’eau savonneuse ne tombe sur les légumes. Rien ne se perd, ici au centre.
Projet de récupération de l’eau de pluie
Nous collectons l’eau de pluie pendant la saison des pluies. Chaque pièce dispose de son propre tonneau pour récupérer l’eau. Pendant cette saison nous pouvons clôturer le compte d’eau Jirama qui nous coûte 700 000 Ariary par mois.
Tout le centre utilise l’eau de pluie lors de la saison des pluies. Le jardin n’a pas besoin d’être arrosé. En période de sécheresse, nous avons besoin de Jirama à la fois pour le centre et pour le jardin. En 2015, nous avons exploré un projet de mise en place d’une grande citerne sur un des talus du centre. Un réservoir fermé sera construit pour recueillir l’eau de pluie en prévision de la saison sèche. Plusieurs ingénieurs malgaches et étrangers sont venus étudier le projet et tous ont confirmé qu’il serait possible d’entreposer assez d’eau pour les besoins du centre et des jardins même lors de la saison sèche. En éliminant notre facture d’eau annuelle (Jirama), le centre pourra économiser 4 900 000 Ariary par an et rediriger ces fonds pour payer les frais de scolarité des étudiants. Le projet est bien avancé.
Projets solaire
Chaque dortoir est équipé d’un chauffe-eau solaire. Le but est d’avoir de l’eau chaude pour la douche des enfants. Nous avons aussi un four solaire. Notre objectif est de réduire les dépenses en bois et charbon de bois.
Projet d’éolienne
Nous disposons d’une éolienne qui nous a servi à générer notre propre électricité et nous a permis de répondre à un tiers des besoins en électricité du centre. Malheureusement, l’éolienne a été endommagée par la foudre. Il s’avère impossible de trouver les pièces de rechange nécessaires et un ingénieur qualifié sur place. Même si c’était le cas, la réparation serait très onéreuse.
Autres moyens de production d’électricité (Projet 2018)
Le centre a un grand projet prévu pour l’année prochaine. Le plus grand des bâtiments du site sera recouvert de panneaux solaires, ce qui permettra de produire l’électricité pour tout le centre. Nous n’aurons plus besoin de Jirama, ce qui nous permettra d’économiser 3 600 000 Ariary d’électricité que nous pourrons utiliser pour des projets de santé. Nous allons bientôt solliciter de l’aide pour ce projet.
Projets de restauration
Nous avons une équipe de filles qui ont déjà travaillé comme bonnes. La plupart ne sont jamais allées à l’école. Quand elles sont arrivées au centre, nous leur avons enseigné les bases de l’arithmétique ainsi que la lecture et l’écriture. Si leurs résultats étaient suffisants, elles ont pu continuer une formation professionnelle spéciale au C.A.M. (Centre d’Apprentissage de Métiers). Les cours offerts incluent : la cuisine, la coiffure et l’esthétique, l’informatique, l’agriculture, la santé des animaux, la garde des enfants, la couture, les langues étrangères (et en particulier, l’anglais et le français).
Le centre a un restaurant ; les personnes étrangères qui visitent le centre reçoivent un repas préparé par les filles qui suivent les cours de cuisine. S’ils sont satisfaits de leur visite et du bon fonctionnement du centre, ils sont amenés à acheter les produits artisanaux faits par les enfants du centre ou sont à même de faire un don. Le restaurant peut recevoir 25 personnes et doit être réservé un jour à l’avance.
Le centre dispose d’un appartement avec 3 chambres d’hôtes qui peut héberger jusqu’à quinze personnes. Nous allons aussi installer quatorze lits à étage dans l’ancienne maison de la Directrice, ce qui permettra de loger vingt-huit enfants.
En juin et en juillet, un groupe scolaire de l’organisation « World Challenge » visitera le centre. Le bâtiment en cours de réfection sera utilisé pour les activités du groupe. Leur contribution sera la suivante : peinture, construction de murs et d’escaliers et amélioration du village. Ils achèteront les matériaux nécessaires aux travaux de rénovation. Ces jeunes adolescents viennent d’un milieu très aisé et n’ont jamais connu la vie difficile de nos pays pauvres. Ils seront tenus occupés et tout à fait intégrés dans les activités du centre. Ils feront ainsi eux-mêmes un peu l’expérience de ce que les enfants du centre vivent. Avant leur arrivée, les jeunes auront été préparés à des sujets tels que le droit de l’enfance, la dignité, le respect, la vie de l’église, la culture et la société malgache de façon à anticiper les problèmes potentiels touchant à ses sujets. Le centre préparera leurs repas pour la somme de 30 000 Ariary par jour par personne. C’est une activité rentable pour le centre.
Projet d’élevage d’animaux
Le centre possède deux vaches laitières. Après avoir donné naissance et allaité deux à trois veaux, elles produiront seize litres de lait par jour. La moitié du lait sera vendue pour acheter de la nourriture bovine et l’autre moitié sera destinée aux enfants. Le riz du soir est cuit avec le lait tous les jours. Si les enfants devaient se lasser de ce même repas, une autre recette serait utilisée.
Les enfants élèvent des poules pondeuses en collaboration avec la société « Avitech » qui nous a conseillé dans la construction de poulaillers adaptés pour augmenter la production d’oeufs. Avitech nous fournira 720 oeufs chaque semaine pour suppléer le régime des enfants tant que les poules n’auront pas atteint l’âge de pondre. Nous élevons aussi des canards. Beaucoup de garçons aiment l’élevage de canards et nous les soutenons dans cette activité. Les oeufs de canards sont aussi ramassés. Nous nous efforçons de toujours améliorer la gestion de notre production.
Nous avons aussi des lapins qui nous permettent de produire de l’engrais et apportent de la joie aux enfants.
En 2018, nous souhaitons élever des cailles et des cochons qui pourront être nourris avec les restes de nourriture. Ce projet est prêt à démarrer. On cherche des donateurs.
Le centre possède un atelier de sérigraphie qui vient d’être rénové et qui sera utilisé pour imprimer et réparer les T-shirts. Tout est prêt pour l’ouverture officielle.
LA CONSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT
En 2015, Tana a connu de graves inondations. En 2017, c’est la sécheresse qui a occasionné beaucoup de détresse. Ces deux évènements semblent indiquer un changement climatique clair. Le phénomène qui semble empirer est inquiétant pour les générations futures.
Les centre se sent très concerné par la conservation de l’environnement ; la Directrice actuelle et ses collègues ne peuvent pas changer le pays mais elles peuvent changer les cent cinquante enfants élevés au centre. Ce sera au tour des enfants de changer leur famille et la communauté après leur réinsertion au sein de celle-ci. S’ils ont la chance de devenir de hauts responsables de cette nation, ils sauront participer à l’éducation, la protection et la conservation de l’environnement. C’est pour cela que le centre accorde beaucoup d’importance à l’éducation environnementale et aux activités relatives à la conservation de l’environnement.
Le compost: Les feuilles caduques pourrissent rapidement ; elles sont ramassées et mélangées à des peaux de fruits pour produire un compost de haute qualité (compost BIO).
Les sacs de culture de légumes: La plupart des enfants placés au centre n’ont pas de jardin chez eux. Nous leur enseignons comment, avec juste un mètre carré de terrain, on peut cultiver un jardin en utilisant des sacs de culture de légumes. C’est nécessaire de le faire pour le centre aussi puisque nos trois hectares de terrain sont déjà entièrement consacrés à l’agriculture.
Le biogaz: Depuis peu, les matières fécales des enfants sont collectées dans une énorme citerne et transformées en biogaz. Cette année, avant le mois de décembre, nous installerons un conduit pour acheminer le gaz vers la cuisine.
Le charbon de feuilles: Les feuilles mortes qui ne se décomposent pas facilement comme les feuilles de bambou et les aiguilles de pin peuvent être transformées en charbon. Pour cela, il faut creuser un trou de soixante centimètres cubes pour y enfumer les feuilles bien sèches. Les feuilles brulées noires ainsi obtenues sont mélangées avec de la bouse de vache et de l’eau ou encore de la terre rouge et de l’eau puis on en forme des boules qu’on fait sécher au soleil. Une fois sec, ce charbon végétal présente les mêmes qualités que le charbon de bois et peut être utilisé. Le charbon fait à base de bouse de vache sèche rapidement et brûle rapidement. A l’inverse, le charbon obtenu après mélange avec de la terre rouge sèche et brûle lentement et dure plus longtemps. Il est si calorifuge qu’il est facile de cuire des haricots avec, par exemple. L’utilisation de charbon végétal à base de feuilles permet de conserver les ressources forestières de Madagascar en éliminant l’utilisation du bois pour faire du feu. Le centre essaie de sensibiliser le plus de gens possibles aux avantages de ce charbon « vert » en éduquant les écoles, les scouts et les autres centres. Misaina, un de nos petits garçons de onze ans par exemple, s’est bien familiarisé avec cette nouvelle méthode de fabrication du charbon et sait l’enseigner.
Poufs en bouteilles plastique: Une fille du nom de Fanny Design a récemment eu l’idée de fabriquer des poufs à partir de bouteilles en plastique. Elle a montré aux filles du C.A.M. comment procéder. A leur tour, les filles ont partagé leurs connaissances avec les autres filles avides d’apprendre. Le projet de fabrication des poufs s’est avéré un vrai succès. Les bouteilles d’« Eau Vive » vides sont collectées. Elles sont coupées en deux ; une bouteille entière est alors insérée dans une moitié coupée. Les filles utilisent dix-neuf paires de bouteilles ainsi formées et attachées avec du scotch pour former un cercle puis les recouvrent de papier épais, pour en améliorer l’apparence, suivi d’une fine couche de mousse. Les poufs sont enfin finis avec une jolie housse en tissu. Une fois le pouf terminé, personne ne soupçonne les matériaux qui ont été employés pour sa fabrication. Le centre vend les poufs pour 15 à 20 000 Ariary chacun. Les poufs représentent une source de revenu pour le centre, contribuent à la protection de l’environnement et procurent une formation supplémentaire aux enfants.
Nous travaillons en collaboration avec DHL qui nous fournit les bouteilles. STAR nous offre aussi des bouteilles d’eau. Une fois l’eau bue, les bouteilles sont données aux enfants et transformées en poufs.
Le centre bénéficie beaucoup de don de la Société STAR qui fournit du jus naturel aux enfants lors du festival et des fournitures scolaires à la rentrée des classes.
DHL, tout comme le centre d’Ambohidratrimo, a également rejoint l’association « Zéro Gaspillage » et la société JB. Le but de l’association est de transformer les déchets en objets utiles et de ne rien perdre. Le même principe s’applique à la nourriture non périmée. Le centre reçoit, grâce à cette coopération, des goûters pour les enfants. Notre coopération continue.
La fabrication de serviettes hygiéniques en tissu: L’idée a été lancée par l’association « Healthy Girls ». La partie extérieure de la serviette hygiénique est faite d’une toile de coton imprimé pour le rendre attrayant pour les filles. A l’intérieur, la partie qui touche la peau est faite d’un matériau très doux, comme une peau de bébé, et de la même couleur que la partie extérieure. Toutes les filles élevées au centre utilisent ces serviettes. Mais le centre ne s’arrête pas là : il vend aussi ces serviettes
pour s’assurer un revenu financier durable
Les vieux T-shirts sont aussi utilisés pour la confection de boucles d’oreille et de colliers selon la méthode introduite au centre par « Fanny Design ».
Les vieux magazines sont découpés en bandelettes de papier qui sont enroulées sur une tige en fer après adjonction de glu pour les coller de l’intérieur. Les perles ainsi créées servent à confectionner de jolis boucles d’oreilles, colliers et bracelets.
Transformer le papier recyclé en objets utiles: L’Ambassade d’Allemagne envoie son papier recyclé au centre. Le papier est trempé dans de l’eau pendant une nuit, puis écrasé pour former une pâte, de la même façon que le papier d’Antemoro. Le papier d’Antemoro est à base d’écorce d’arbre, ce qui détruit la forêt. Cette nouvelle technique n’utilise que du papier usagé comme matériau de fabrication et contribue donc à conserver l’environnement. Le papier ainsi obtenu est transformé en cartes, albums photos, boîtes à bonbons, etc.
La construction
Le centre a formé un partenariat avec la société Filatex. Filatex emploie un des garçons du centre. Filatex remet au centre les matériaux de construction qu’elle n’a pas utilisés lors de ses travaux de construction, comme par exemple des glaces, du carrelage, des fenêtres, des lavabos, des toilettes, etc. Toutes les fenêtres du centre ont ainsi été remplacées et les anciennes latrines rénovées. Les carrelages cassés ont été utilisés pour faire les tables en mosaïque pour la Guest House et les maisons des volontaires. Les enfants se servent des tables et chaises à l’extérieur pour certaines activités. L’association « Akany Avoko France » a pris en charge le coût de préparation de ces tables et chaises.
Le centre est vieux ; toute la toiture a été remplacée grâce à l’intervention de Mme Mercedes, coordinatrice de l’agence de voyages « Dodo Voyage Madagascar », qui a su rassembler les fonds nécessaires à sa rénovation. La chambre et les toilettes des petits ont pu également être réparées.
Comme mentionné plus haut, certains enfants sont des frères et soeurs qui ont été placés ensemble au centre par le juge des enfants mineurs. Ils grandissent, puis quand les garçons atteignent l’âge de dix ans, ils sont, petit à petit, séparés de leurs soeurs. La maison « bambou » leur est consacrée. Elle se trouve dans l’enceinte du centre ; les garçons sont donc toujours en contact avec leurs petites soeurs. A l’âge de quatorze ans, ils doivent déménager et aller au pensionnat d’Ambatomanga mais ils peuvent tout de même continuer de se voir et peuvent venir rendre visite à leurs soeurs.
La salle que nous avons mise à disposition pour recevoir les gens extérieurs a elle-aussi été rénovée et permet de mieux superviser les enfants et aussi de protéger les gardiens de nuit.
Les supporters directs du centre:
L’entreprise Vitafoam nous avait déjà fait don de soixante matelas de qualité avec revêtement plastique qui sont venus remplacer les matelas usés des enfants. Le responsable a offert quarante-quatre matelas supplémentaires au x enfants.
Vitafoam aussi nous offre régulièrement des citernes pour récupérer l’eau de pluie (Projet : Récupération de l’eau de la pluie, economie en eau)
Tous les mois, l’association GAMA TEXTILE offre aux enfants les produits PPN (de première nécessité). Ce don nous rassure et diminue notre niveau d’anxiété et de stress lié à l’augmentation du prix du riz.
L’association française « Les Enfants Avant Tout » collabore avec le centre depuis longtemps et assure l’achat du riz brun servi au petit déjeuner et au diner. Outre leur aide journalière, leur soutien financier nous a aussi permis de construire le poulailler et d’améliorer la sécurité.
L’association « OEuvre Caritative » a participé financièrement à la construction des toilettes biogaz, ce qui nous a permis d’augmenter le nombre de toilettes et d’améliorer leur propreté, ce que les enfants apprécient beaucoup.
L’association espagnole « Futuro Con Sonrisas de Madrid paie le salaire des trois jardiniers / agriculteurs. Le but de ces projets de jardinage et d’agriculture est de rendre le centre totalement auto-suffisant.
L’association « Les Enfants de L’Ile Rouge » basée à la Réunion travaille avec le centre depuis plusieurs années (17 ans). Elle nous permet d’envoyer les enfants à la mer tous les ans. Elle a rendu possible la rénovation des cuisines et des chambres des enfants. Elle participe également à d’autres projets qui visent à notre indépendance à long terme (Constructions des citernes)
L’association SESAAM, basée en France, a été fondée en 2015 pour apporter une aide matérielle financière et morale au centre AAAtrimo, principalement dans le domaine de la scolarisation et de la formation professionnelle. Son projet phare aujourd’hui est de permettre le financement des études des jeunes sortant du centre qui ont obtenu leur baccalauréat et souhaitent poursuivre des études universitaires ou professionnelles. Nous sommes en contact très régulier et ils sont disponibles pour des aides diverses en ligne, ou sur place lors de leur venue pour des supervisions éducatives et psychologiques concernant des situations de jeunes. L’association mène des actions en France pour réunir des fonds qui nous sont reversés.
Une association chrétienne américaine, la « Outreach Foundation » nous apporte son soutien annuel pour répondre aux besoins des enfants et contribuer au bon fonctionnement du centre. Nous espérons que cette coopération se prolonge.
Le PAM, « Programme Alimentaire Mondial », nous fournit riz, haricots, farine de maïpour les enfants. Le partenariat continue mais uniquement pour les enfants scolarisés.
L’association l’« Abbaye de Chimay » a sponsorisé 23% du fonctionnement du centre en 2015, ce qui nous a permis d’avancer le projet d’autosuffisance en nourriture. Les dons continuent aujourd’hui. L’association nous rend souvent visite et continue de nous aider surtout en période de difficulté.
L’association ASPE, « Association Pour la Sauvegarde et Protection de l’Enfance », et sa présidente Mme Bakolalao Ramanandraibe Ranivoharivony suivent de près le centre. Les services rendus à tous le centres de notre île chargés d’enfants en danger sont innombrables. Leur priorité reste la protection des droits de l’enfance et le traitement des enfants ayant commis un délit.
Elle organise une formation des travailleurs sociaux ainsi qu’un voyage pour les enfants tous les ans. Pendant le festival, une nourriture spéciale est offerte aux enfants.
En 2016, ASPE a fait un don extraordinaire au centre en l’introduisant à l’association australienne « Callidus Association ». L’association nous a envoyé un don énorme de 150 bicyclettes dans un container géant. La plupart des vélos ont été vendus et l’argent de la vente a servi à mettre en place un
« microprojet » pour les filles qui ne peuvent plus étudier en fin de formation professionnelle telle que la coiffure, la cuisine et l’élevage, etc.
Aujourd’hui, le centre bénéficie aussi d’un partenariat avec l’équipage Air France. Grâce à leur vol opérant deux fois par semaine, ils déposent les dons au centre. Il s’agit souvent d’habits, de chaussures, de produits pour l’hygiène et de jouets. Il est évident que cette coopération nous permet de réduire les dépenses du centre ; nous dépensons très peu en vêtements.
L’association de volontaires « Trait d’union » nous approvisionne régulièrement en livres pour enfants. Ces livres constituent les meilleures ressources pédagogiques possibles pour les jeunes. Le centre dispose d’une bibliothèque.
L’atelier informatique : Reste l’endroit préféré des enfants, un endroit où ils peuvent se développer en liberté. Les enfants se mettent à l’informatique dès l’âge de cinq ans. La société M Klein se charge de la réparation de l’équipement informatique.
Intention
Certains des enfants élevés au centre sont orphelins. Le centre leur attribue une parcelle de terrain à bâtir.
Trente-quatre enfants résident désormais à HABITAT l et vingt-deux à HABITAT II et des maisons sont construites. Il reste suffisamment de terrain à HABITAT III pour accueillir vingt-cinq enfants et leurs maisons. Notre objectif est de notarier le don au nom de chaque enfant car on ne sait pas ce qui peut se passer dans le futur (les vols de terrains sont nombreux).
Des comptes d’épargne ont été ouverts à la BOA de Talatamaty pour trente-cinq enfants sans famille. En 2017, il y aura dix enfants de plus dans cette situation, la plupart des filles qui travaillent. 20% de l’argent gagné par les filles pour les objets qu’elles confectionnent sont placés sur leur compte en anticipation de leur réinsertion dans la société.
Conclusion
Les enfants sont la raison d’être du centre AAAtrimo. Le respect des droits de l’enfant, sa protection et son bien-être selon la politique de la protection de l’Enfant (Child Protection Policy) sont pour nous cruciaux. Nous vous remercions infiniment.
Nina Lalasoa ANDRIANDANJA
La Directrice
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