article au sujet des prénoms

[dégruel]

Bonjour

j'ai retrouvé un article dans le revue "accueil" de Enfance et Famille d' Adoption sur le sujet des prénoms qui nous préocupe tous....Il est long, j'ai donc sauté quelques passages. Cet article est plutot pour le changement de prénoms; avis à ceux qui trouveraient des articles argumentant l'inverse...dans tous les cas j'ai trouvé cet article très interressant ! le voici :

.....Les parent adoptifs ont à résoudre un dilemme inconnu des parents biologiques : changer ou ne pas changer le prénom ? puis je le faire sans risque pour l'enfant ? Est-ce égoiste de ma part ? Quelles seront les conséquences affectives positives ou négatives de ce changement ? Ai-je le droit de lui "arracher" cette identité ? Va-t-il un jour me le reprocher ?
Si on ne veut pas regretter une telle décision il faut pouvoir la prendre en
fonction de nos gouts, de nos valeurs, nos croyances, mais surtout en
tenant compte des besoins présents et futurs de l'enfant.

....d'emblée, nous prenons position en faveur d'un changement de nom,
non par caprice ni par fantasme irréaliste de pouvoir effacer les
blessures du passé ; non par étroitesse d'esprit ou par racisme,
mais avant tout dans le souci d'utiliser tous les moyens à notre
dispositions pour favoriser l'accueil, l'attachement parent-enfant
et l'enracinement de l'enfant de sa nouvelle vie. A ce principe général,
nous apporterons des nuances et des exceptions, particulièrement selon
l'age de l'enfant, son histoire personnelle, et son type d'adoption :
par ex la banque mixte au québec et l'adoption simple en France.

Créer un attachement fort et sain est, à notre avis le plus grand défi en adoption...
Nous croyons profondément que le geste d'accueillir l'enfant en lui donnant un nouveau nom est un outil puissant qui peut favoriser l'attachement.
Du coté des parents, cela permet de poser un premier geste d'accueil,
d'amour, et de contrôle sur le destin de l'enfant. Il s'agit des toutes premières décisions d'une série de milliers d'autres qu'ils auront à prendre dans leur rôle parental.
Du coté de l'enfant, il sent puis comprendra plus tard que ce sont ses parents qui aimaient assez ce nom pour le lui donner à lui seul. Enfants et parents pourront plus tard faire le récit de ce choix comme une première page d'histoire de la nouvelle famille qu'ils ont créée ensemble. La quête de son identité culturelle et ethnique viendra plus tard
chez certains, jamais chez d'autres.

Le désir de devenir parent est un besoin légitime chez un adulte. Il répond au besoin de donner un sens à sa vie, de se sentir utile, de s'épanouir, de donner et de recevoir, de transmettre ses connaissances, ses valeurs, son amour, bref d'enrichir sa vie affective.

...les enfants adoptés arrivent donc dans nos vies plus ou moins fragilisés. L'action d'adopter viendra aussi temporairement refragiliser l'enfant. Il vivra l'arrachement à son milieu connu comme un "kidnapping", ou encore, craindra de ne pas être en sécurité. Il n'a plus les moyens de savoir si ces nouveaux adultes vont bien s'occuper de lui ; il ne songe même pas à son besoin de créer des liens : il veut d'abord
savoir s'il va survivre physiquement, et de quelle façon.
On entrevoit là le grand écart qui existe entre les préoccupations des parents et celles de l'enfant.

Lorsqu'un parent choisit de conserver le nom d'origine de son enfant, il le fait en se souciant des besoins d'appartenance, d'identité, d'estime de soi. Si ces besoins sont tout à fait réels et valables,ils sont loin d'être prioritaires ou vitaux dans la vie de l'enfant au sein de sa nouvelle
famille. Il faut donc dans un premier temps accueillir ce petit être effrayé, le rassurer, lui démontrer qu'il fait parti de la tribu, du clan , de la famille et que dans une nouvelle famille francaise , québécoise ou belge, tous portent des noms francais, québécois ou belges, lui y compris.

"Faire le deuil" ne signifie pas oublier, effacer ou renier. c'est choisir le présent et le futur plutôt que de "ruminer" avec nostalgie le passé. Renommer un enfant ne doit pas être une tentative naïve d'empêcher l'enfant d'être fier de ses origines ou de lui faire oublier les blessures
de son passé, c'est plutöt lui permettre de vivre totalement dans le présent, dans un nouveau lieu, une nouvelle réalité culturelle et affective. On se doit donc de donner à l'enfant le permission et surtout les moyens de faire le deuil de son passé.
...Le nom d'origine d'un enfant lui rappelle au quotidien son passé, bon ou mauvais. cela lui enlève à notre avis l' espace nécessaire pour se créer une nouvelle réalité.

....Nous citerons l'ex de cette petite fille de 9 ans qui disait à sa mère :
"lorsqu'on me traite de chinoise tu me dis de répondre : je suis québécoise d'origine chinoise.
Quand je dis cela personne ne me croit, car ma peau est chinoise et mon nom est chinois....
Je veux m'appeler sophie comme tout le monde."
Cette enfant exprime bien qu'elle a déjà à vivre sa différence physique et qu'elle aimerait aussi pouvoir être comme tout le monde, avoir un nom qui lui permette de se revendiquer de la culture dominante où elle vit. Un nouveau nom permet à l'enfant de pouvoir jongler à sa guise entre deux cultures, entre deux identité qu'il devra apprivoiser et réconcilier
tout au long de sa vie.

... Conserver dans les documents d'état civil les noms et prénoms d'origine, tout en ajoutant les nouveaux prénoms et nom de famille, permettront à ceux qui éprouveront le désir de s'identifier culturellement à leur pays d'origine de le faire sans tracas administratifs
ou légaux . Ces cas de réintégration du nom d'origine sont, à notre connaissance, extrêmement rares.

Garder à tout prix le nom d'origine de l'enfant, même si notre désir profond est de le renommer, c'est probablement se laisser paralyser par la peur de traumatiser l'enfant. Il faut se rappeler que nos enfants par adoption sont tous d'extraordinaires survivants. Depuis leur conception, ils ont survécu physiquement et affectivement à une série d'obstacles qui défient l'imagination.

Ils ont des capacités de résilience plus grandes que la plupart d'entre nous. Ils sont à la fois très forts et très fragiles. Dans le fait de changer le prénom, il ne faut pas seulement tenir compte de leurs fragilités mais aussi de leurs forces...

... Changer ou pas de nom pour les enfants plus agés comporte des enjeux beaucoup plus délicats. Si un jeune enfant de moins de 2-3 ans peut n'avoir que des souvenirs sensoriels et affectifs mais peu de mémoire consciente et cognitive, un enfant plus âgé conserve en revanche, des mots, des images et des liens affectifs avec son passé. Que ce passé soit agréable ou éprouvant,
l'enfant vivra une période plus ou moins longue de conflit de loyauté...
... Accepter un nouveau nom lui fera-t-il vivre de la culpabilité ou au contraire en sera-t-il libéré ? Difficile à prévoir...
... Les parents recherchent instinctivement une solution de transition
plûtot que d'imposer d'emblée, un nouveau nom à l'enfant.....Le choix
se porte soit, sur la francisation du prénom étranger : ex :
juan felipo deviendra jean philippe soit sur la création d'un nom composé
qui intègre le nom d'origine : ex: Chong chuck devient Chong charles....
Ainsi une fois le deuil fait....de nombreux enfants demandent d"'eux même à n'être identifiés que par la partie francaise de leur prénom....

...au delà de tous les enjeux cliniques, sociaux ou culturels, il faut aussi se faire confiance. Si nous nous sentons tout à fait "confortables" vis à vis de notre choix, et si nous sommes conscients des conséquences possibles, l'enfant sentira des parents solides et sereins. Alors que des parents angoissés ou qui se sentent coupables arrivent rarement à sécurier un enfant, que ce soit pour le choix de son prénom ou pour tout autre chose.

En espérant que ces quelques réflexions auront pu contribuer à aider
des parents à faire un choix éclairé et heureux pour tous. !

Johanne Lemieux
travailleuse sociale (Bureau de consultation en Adoption au Québec)

[les PIMARO]

wahou, tu as retapé tout ça ! super dis-donc et surtout très sympa.
cet article est très bien fait je trouve. j'avoue que j'aurai été contente de l'avoir sous les yeux lors de mon "ressenti bizarre". Mais même aujourdh'ui où la décision est prise ...ben oui Noah est parmi nous !!! il m'apporte encore des choses. Cela ouvre des réflexions au delà du prénom.

Merci beaucoup pour la peine que tu as prise c'est vraiment très sympa.

Bonsoir.
Valérie

[dégruel]

Bonjour valérie

c'est vrai que ca m'a pris un peu de temps, mais j'avais envie de le faire partager aus personnes de ce forum et c'est aussi, comme tu le dis, un article qui ouvre sur d'autres réflexions. Pour ma part j'en suis encore comme toi à avoir des "impressions bizarres" c'est à dire que pour moi elle est tarikua même si on a envoyé avec l'album photo le prénom que nous lui avons choisi : maïa ...
Je pense qu'en la voyant ou avec le temps on se décidera....maïa ou maïa tarikua...

a bientot

julie

[nadine]

J'ai fait remonter ce sujet car même si on avait déjà pris depuis un moment la décision de nommer notre enfant, on y repense beaucoup depuis l'attribution de notre princesse. Et oui , il faut dire que notre fille a un très joli prénom éthiopien et nous nous sommes sentis un peu coupables de le faire passer en deuxième position seulement. Mais l'attribution de notre fille ne s'est pas faite du jour au lendemain et cela fait longtemps que nous gardions son prénom au fond de notre coeur , pour le jour où..... Alors, comme le dit l'article précedemment cité (Merci!) , nous prenons pour notre fille" une des premières décisions", c'est "un premier geste d'accueil ", sans pour autant effacer le passé.

J'espère lire bientôt vos impressions.

Nadine, Alexandre et leurs enfants Rémi, Clément et Flora-Semira (dans nos coeurs depuis le 19 juin).

[christine rogé]

Merci Nadine pour ce sujet. je crois que cette question , on l'a tous au fond de nous.
Pour moi c'était évident de garder son prénom éthiopien en 2ème position, et de lui choisir son prénom, comme pour nos autres enfants. Je me dis qu'elle se sentira plus dans la tribu.
Mais comme le dit bien l'article, l'essentiel c'est d'assumer ses choix.

Petite question pour les anciens: quel est le premier papier officiel sur lequel apparaît le prénom qu'on a choisi?
Merci

[Ben]

Bonsoir,

Et bien le premier document officiel sur lequel apparait le prénom choisi n'est pas des moindres puisqu'il s'agit du jugement d'adoption pleinière.

C'est normal puisqu'aucun autre document avant celui ci ne peut être qualifié d'officiel au regard du code de l'état civil français.

Mais si je creuse un peu ta question, et que je lis entre les lignes..tu peux quand même demander en attendant aux différentes administrations d'attribuer tout de suite à ton enfant le prénom choisi. Il suffit d'en faire une demande expresse par écrit.

Tiens d'ailleurs moi aussi je m'adresse aux anciennes, cela fait deux fois que je demande par internet un extrait d'acte de naissance à nantes et je reçois à chaque fois la transcription du jugement ....GRRRRRRRR!

Si vous avez un conseil...

Ben

[Maria]

Merci d'avoir abordé ce sujet si intéressanr. Nousa vosn aussi fait le choix d'offrir un nouveau prénom à notre petit garçon tout en gardant son prénom d'origine en seconde position. L'article est très intéressant, c'est vrai qu'on se pose souvent beaucoup de questions sur les choix que l'on fait... ah, vraiment, il est riche le contenu de ce forum !