Bonjour,
Je voulais vous faire part d'une expérience que nous avons tentée l'année dernière et qui se poursuit.
Etant en contact avec un orphelinat haïtien où nous parrainons un enfant de 7 ans, nous avons appris en mai 2011 que la directrice de l'orphelinat cherchait des solutions pour faire étudier 2 jeunes bacheliers prometteurs : 1 fille et 1 garçon.
Après réflexion, nous nous sommes proposés pour accueillir "au pair" Sabina, et nous l'avons inscrite au CIREFE (Centre International Rennais d'Etude du Français pour Etranger)
C'était à notre connaissance la seule possibilité ici à son arrivée (les demandes d'inscription d'étudiants étrangers dans les autres écoles et universités françaises sont à faire en janvier pour les rentrées de septembre)
Sabina est arrivée dans notre famille le 26 août 2011. C'est une grande jeune fille de 22 ans qui était arrivée à l'orphelinat au décès de sa mère, elle avait 9 ans. Elle avait donc vécu 13 ans en orphelinat.
Physiquement, elle était très marquée par la dureté de la vie en Haïti, notamment par le manque d'alimentation : j'aurai pu la mettre sur les podiums de défilés de mode : 1m72 pour 54 kg, elle avait souvent des vertiges, des malaises... En 10 mois, elle s'est remplumée : toujours 1m72 mais 66 kg maintenant.
Elle a débuté ses cours début septembre 2011. En janvier 2012, elle a obtenu le Diplôme Universitaire d'Etude du Français niveau C1 : passeport pour une inscription dans d'autres écoles françaises, car les étudiants étrangers doivent justifier d'un niveau minimum en français.
Elle a donc pu rendre pour fin janvier 2012 son dossier d'inscription en Université.
Son dossier a été accepté : elle est admise en 1ère année de math/phys/informatiques à l'Université de Rennes 1. Elle rêve de devenir informaticienne et c'est bien parti. A son arrivée, elle souhaitait faire médecine, mais après lui avoir expliqué qu'il s'agissait d'un concours environ 2000 étudiants pour une 100aine de places et que les étudiants étrangers n'ont pas le droit de redoubler car le visa ne sera pas renouveler en cas de redoublement, elle a revu ses ambitions et a choisi les sciences.
Elle s'est achetée des manuels de Terminale S de physiques et maths, elle a pu récupérer par une autre étudiante les cours du 1er semestre, elle a téléchargé des cours d'excel et de world. Tous les jours elle travaille ses cours pour être à niveau à la rentrée.
Voilà, une jeune fille qui écrit jour après jour son avenir.
Ce matin, je repensais à un témoignage lu dans notre chère revue des EAT concernant l'orphelinat "timoun se lespwa"à Leogane où là bas aussi, les grands enfants se retrouvent dans une impasse.
Peut-être s'il y a des bacheliers prometteurs, il serait possible de leur offrir un avenir en leur permettant, comme pour Sabina, de venir étudier "au pair"?
En faisant marcher le réseau des EAT, peut-être y-a-t-il des familles qui serait intéressées pour accueillir des jeunes?
Je parle de l'orphelinat d'Haïti, car comme vous avez pu le lire, il faut justifier d'un niveau minimum en français pour pouvoir s'inscrire ensuite dans des écoles supérieures... ce qui n'est pas trop difficile pour les jeunes haïtiens, mais qui est probablement plus complexe pour des malgaches, des éthiopiens...
Si notre petite expérience peut donner de l'espoir aux jeunes collégiens et lycéens de toulabas pour qu'ils se défoncent dans leurs études, si ça peut leur ouvrir une fenêtre, si un jeune peut ainsi avoir un bel avenir, ça en vaut surement la chandelle!
Bonnes vacances à tous
Claire, son zhom et leurs 4 voir presque 5 enfants, qui ne pourront malheureusement pas être au pique nique de l'ouest ce dimanche